Dans un contexte d’urgence climatique, les entreprises sont appelées à jouer un rôle crucial dans la transition écologique. Comment peuvent-elles concrètement améliorer leur performance environnementale tout en restant compétitives ? Plongée au cœur des stratégies gagnantes pour concilier économie et écologie.
Repenser les processus de production
La première étape pour améliorer la performance environnementale d’une entreprise consiste à optimiser ses processus de production. Cela implique de réduire la consommation d’énergie et de matières premières, ainsi que de minimiser les déchets et les émissions polluantes. L’éco-conception des produits et services est une approche clé dans cette démarche.
« L’éco-conception permet de réduire l’impact environnemental d’un produit sur l’ensemble de son cycle de vie, de l’extraction des matières premières jusqu’à sa fin de vie », explique Marie Durand, experte en développement durable chez Accenture. Des entreprises comme Patagonia ou Interface ont fait de l’éco-conception un pilier de leur stratégie, avec des résultats probants tant sur le plan environnemental que commercial.
L’adoption de technologies propres et l’optimisation des procédés industriels sont d’autres leviers majeurs. Par exemple, le groupe Lafarge Holcim a réduit ses émissions de CO2 de 27% entre 1990 et 2019 grâce à l’utilisation de combustibles alternatifs et l’amélioration de l’efficacité énergétique de ses cimenteries.
Maîtriser sa chaîne d’approvisionnement
La performance environnementale d’une entreprise ne se limite pas à ses propres opérations. Elle doit prendre en compte l’ensemble de sa chaîne de valeur, y compris ses fournisseurs et sous-traitants. Une gestion responsable de la chaîne d’approvisionnement permet de réduire significativement l’empreinte écologique globale.
Unilever, par exemple, s’est engagé à ce que 100% de ses matières premières agricoles proviennent de sources durables d’ici 2023. Pour atteindre cet objectif, le groupe travaille étroitement avec ses fournisseurs pour promouvoir des pratiques agricoles durables et améliorer la traçabilité de ses approvisionnements.
« La collaboration avec les fournisseurs est essentielle pour créer un effet d’entraînement positif sur l’ensemble de la filière », souligne Jean Dupont, directeur RSE de Carrefour. Le géant de la distribution a mis en place des contrats pluriannuels avec ses producteurs bio, garantissant des volumes et des prix, ce qui encourage la conversion à l’agriculture biologique.
Investir dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables
La transition vers une économie bas carbone passe inévitablement par une révolution énergétique au sein des entreprises. L’amélioration de l’efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables sont deux axes majeurs pour réduire l’empreinte carbone.
Google a annoncé en 2020 avoir compensé l’intégralité de ses émissions historiques de carbone depuis sa création en 1998. Le géant du numérique s’est également engagé à fonctionner 24h/24 et 7j/7 avec une énergie sans carbone d’ici 2030. Pour y parvenir, l’entreprise investit massivement dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de ses data centers.
« L’efficacité énergétique est souvent le moyen le plus rapide et le plus rentable de réduire les émissions de gaz à effet de serre », affirme Pierre Martin, expert en transition énergétique à l’ADEME. Des actions simples comme l’isolation des bâtiments, l’optimisation de l’éclairage ou la modernisation des équipements peuvent générer des économies substantielles tout en réduisant l’impact environnemental.
Adopter une économie circulaire
Le modèle linéaire « extraire-produire-consommer-jeter » atteint ses limites face aux défis environnementaux actuels. L’économie circulaire propose une alternative en valorisant les déchets comme ressources et en prolongeant la durée de vie des produits.
Michelin a fait de l’économie circulaire un axe stratégique de son développement. Le manufacturier de pneumatiques a développé des technologies permettant de rechapage les pneus usagés, prolongeant ainsi leur durée de vie et réduisant la consommation de matières premières. L’entreprise s’est fixé l’objectif ambitieux d’intégrer 80% de matériaux durables dans ses pneus d’ici 2048.
« L’économie circulaire est un changement de paradigme qui nécessite de repenser l’ensemble du modèle économique de l’entreprise », explique Sophie Durand, directrice de l’Institut National de l’Économie Circulaire. Des entreprises comme Renault ou Caterpillar ont créé des filiales dédiées au reconditionnement de pièces détachées, générant de nouvelles sources de revenus tout en réduisant leur impact environnemental.
Former et mobiliser les collaborateurs
La réussite d’une démarche environnementale repose en grande partie sur l’engagement des collaborateurs. La sensibilisation et la formation des équipes aux enjeux du développement durable sont essentielles pour insuffler une véritable culture de la responsabilité environnementale au sein de l’entreprise.
Danone a mis en place un programme de formation appelé « Campus for All » visant à sensibiliser l’ensemble de ses 100 000 employés aux enjeux du développement durable. L’entreprise a également intégré des objectifs environnementaux dans la rémunération variable de ses cadres dirigeants.
« L’implication des collaborateurs est un facteur clé de succès pour améliorer la performance environnementale d’une entreprise », affirme Lucie Martin, consultante en RSE chez KPMG. « Les salariés sont souvent force de proposition pour identifier des opportunités d’amélioration au quotidien. »
Mesurer et communiquer sur sa performance environnementale
Pour piloter efficacement sa démarche environnementale, une entreprise doit se doter d’outils de mesure et d’indicateurs pertinents. Le reporting extra-financier, rendu obligatoire pour les grandes entreprises par la directive européenne NFRD (Non-Financial Reporting Directive), permet de structurer cette démarche.
Schneider Electric a développé son propre indicateur de performance durable, le Schneider Sustainability Impact (SSI), qui mesure les progrès de l’entreprise sur 21 objectifs environnementaux et sociaux. Cet indicateur est audité trimestriellement et impacte la rémunération variable des dirigeants et de milliers de managers.
« La transparence et la communication sur la performance environnementale sont devenues incontournables pour répondre aux attentes des parties prenantes », souligne Marc Dupont, analyste ESG chez Morningstar. « Les investisseurs sont de plus en plus attentifs à ces critères dans leurs décisions d’investissement. »
L’amélioration de la performance environnementale des entreprises est un défi complexe qui nécessite une approche globale et systémique. En repensant leurs processus de production, en maîtrisant leur chaîne d’approvisionnement, en investissant dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, en adoptant les principes de l’économie circulaire, en mobilisant leurs collaborateurs et en mesurant rigoureusement leurs progrès, les entreprises peuvent non seulement réduire leur impact sur l’environnement, mais aussi gagner en compétitivité et en résilience. Face à l’urgence climatique, cette transformation n’est plus une option, mais une nécessité pour assurer la pérennité des entreprises et la préservation de notre planète.